Hello
Je viens de finir de regarder un film américain, qui s'appelle "The Majordome". On y voit l'histoire de l'Amérique des années 1950 à 2008, avec les mouvements pour les droits civiques des citoyens noirs américains. L'acteur principal est majordome à la maison blanche, et ce film est tiré d'une histoire vraie.
Une fois encore, je vois relatées les folles exactions qui ont eu lieu, de la part des puissants gouvernants citoyennes et citoyens blancs, vis à vis des citoyennes et citoyens de la population noire.
Cela fait partie de l'histoire, et cela rejoint une question que je me posais autrefois, et que je repose aujourd'hui : "Suis-je un "salaud inconscient", moi aussi?". J'espère que non. Si vous avez des éléments me permettant de voir que je suis une personne portant directement atteinte à l'intégrité d'autres gens, et régulièrement, alors que cela serait justice que je cesse, merci de vous adresser directement à moi et de m'expliquer ce que je pourrais améliorer.
Je ne crois toutefois pas avoir ce genre de comportements. J'espère.
Je m'aventure à poser une autre question : "quels sont aujourd'hui les combats pour l'équité et la justice qui se présentent à moi?".
Agir pour continuer de prendre conscience que le monde est parfois considéré comme une marchandise. C'est la posture du néo-libéralisme. En voici quelques exemples tirés de l'actualité:
> Le travail mal payé, avec des menaces de licenciement si vous n'êtes pas content.
> L'obligation pour des services publics de faire pareil qu'avant, ou plus, avec des moyens identiques, ou moindres. C'est ce que nous allons devoir faire pour l'IME dans lequel je travaille, et qui va déménager, avec moins de moyens pour notre mission que ce qui serait légitimement nécessaire. Et je n'ai pas le choix, si ce n'est de démissionner ou d'obéir aux injonctions des services publics. Bon, ce truc ne date pas d'hier. Mais c'est toujours d'actualité, hélas.
> Le choix d'échapper à une répartition plus équitable des ressources, en utilisant les lois économiques établies pour les plus riches. En Europe, en Asie, aux Etats-Unis, au Canada, ou ailleurs : évasion fiscale, spéculation, refus de payer l'impôt de manière équitable, etc. Des personnes utilisent leur statut, leur pouvoir d'intouchables, pour amasser des fortunes, et priver les gens qui travaillent des revenus de leur travail. Pire : des millions de gens meurent chaque jour de famine, par exemple, à cause de la spéculation sur les matières premières. Crimes en col blanc, non reconnu comme crimes de masse. Là, j'accuse.
Intouchables, car le système est protégé, servi par toute une chaîne plus ou moins visible de commandement, avec une règle : protéger la caste des puissants, car ils peuvent nous faire payer très cher notre éventuelle insoumission.
Le film "Le Majordome" montre bien le double visage de la très large majorité d'entre nous : un visage de servitude, pour garder ma place. Et en coulisse, mon visage triste ou révolté, car je suis impuissant à faire changer les choses. Car quand je m'exprime auprès des puissants, je n'ai pour réponse qu'une fin de non recevoir.
J'ai la chance de ne pas trop souffrir au travail ni dans ma vie personnelle. Je me considère comme privilégié.
En même temps, je m'exprime pour dire ce qui se passe en moi actuellement : l'alerte est en direction des attitudes que nous pouvons alimenter bien malgré nous, attitudes qui renforcent les pouvoirs des hommes et des femmes qui agissent avec une conscience limitée, au nom de principes du néo-libéralisme.
Le profit est régulièrement préféré à l'humain. Les gens n'ont pas à se plaindre, ils ont déjà du boulot, alors fermez la. Les actionnaires touchent des dividendes, et on licencie les ouvriers, on embauche pour des contrats courts. Et on va me dire que c'est la loi du marché. Le "code noir" qui permettait de tuer impunément un esclave, c'était la loi. Si une loi est injuste, elle n'a pas à être appliquée.
Or aujourd'hui,de nombreuses lois sont terriblement injustes, et sont appliquées par les forces de notre système. Des lois qui sont au service du profit des plus riches déjà très riches, et qui s'appuient sur la très grande masse des gens qui ne font pas partie des ultra-riches;
Les services publics, sont maintenant victimes des appels a à projets. Donc on va forcément avoir encore des dessous de table, des gens qui vont faire fonctionner leurs réseaux pour faire vivre le copain, la copine. Ce qui me touche, c'est ceci : avons-nous si peu d'imagination qu'on n'a pas trouvé mieux pour vivre ensemble ?
Je rêve que l'on puisse vivre ensemble avec de l'honnêteté et de la responsabilité, en plus grande quantité que ce à quoi j'assiste actuellement. J'accepte le réel : je sais que l'honnêteté et la responsabilité ne sont pas la règle, pour le moment.
J'attire simplement mon attention et la votre, sur les élément-clés qui peuvent favoriser la maltraitance des uns envers les autres.
J'ai participé dans ma vie à divers mouvements. J'ai pu voir que les groupes de gens sont comme des assemblages d'aliments, ou de vins : chaque personne est unique, avec des forces et des vulnérabilités. Toute personne est unique au monde, inimitable, irremplaçable.
Seulement, en étant ensemble, à partir de deux personnes, nous vivons en groupes.
J'ai constaté (et je dis que c'est ma manière de voir, unique personnelle, qui n'engage que moi) que les assemblages sont tous différents, eux aussi. Je veux dire les groupes, que j'appelle "assemblages", par comparaison avec la nourriture.
On peut aussi comparer avec la musique : plusieurs instruments avec des façons de jouer uniques, singulières, et que l'on voit jouer ensemble.
Où je veux en venir?
Je veux en venir au "goût", à la "couleur" des assemblages. Je constate que certains assemblages permettent au groupe de donner quelque chose de meilleur, au service du "vivre ensemble". J'adore quand ça arrive!
D'autres assemblages permettent que "ça roule", sans trop de "meilleur", ni de "pire". Je les aime bien aussi, car j'aime quand "ça roule"!
Enfin, d'autres assemblages (j'en ai expérimenté des comme ça plusieurs fois aussi) génèrent un truc terrible : cela révèle le "pire" de ce que les humains peuvent faire entre eux.
J'ai fait partie d'une équipe dans laquelle j'ai pu voir de tels phénomènes se manifester sournoisement, jour après jour, sur plusieurs mois, années. Plusieurs personne sont passées, on fui, mais les gens qui constituent le noyau toxique de cette équipe sont encore en action à ce jour. Je n'aimerais pas être cadre, car régler ce genre de phénomène, je ne sais pas faire. J'ai quitté fort heureusement cette équipe, et j'y ai laissé des plumes, mais je ne suis hélas pas le seul, et je ne suis pas celui qui y a laissé le plus de plumes.
Mais ces gens qui ont des conduites toxiques semblent ne pas mesurer les maltraitances qu'ils/elles infligent à leurs collègues. Pourquoi?
Parce que c'est très difficile de mesurer nos propres actions envers les autres. "Le poisson ne voit pas l'eau dans laquelle il nage". Pourquoi je vois la paille dans l'oeil du voisin, et que je ne vois pas la poutre qui est dans mon oeil? Parce que c'est une démarche exigeante, et qu'on n'a pas l'habitude ni les exemples (ou ils sont assez rares) pour apprendre cela, je crois???
Le Front National et les responsables de ce mouvement font partie de ces organisations qui vont provoquer l'émergence du "pire de l'humain", j'en veux pour preuve l'augmentation de l'homophobie actuellement, avec des pics importants sur internet, depuis que la parole haineuse a été plus diffusée et libérée, décomplexée, à l'occasion des campagnes pour l'élection présidentielle qui vient de s'achever.
La haine de l'étranger, ou de celle ou celui qui ne fait pas comme le parti l'ordonne, c'est à nouveau devenu possible de l'agiter, la haine la haine la haine...
J'ai vu des gens, au demeurant inoffensifs, qui une fois en groupe "toxique", ont provoqué l'exclusion de personnes du groupe, simplement parce que ces gens ne pensaient pas ou ne voyaient pas le travail comme la majorité des leaders du groupe. Et cela peut s'aggraver quand les responsables hiérarchiques alimentent la toxicité du groupe.
C'est très difficile de voir soi-même que je suis en train de participer à une action d'exclusion de quelqu'un d'autre. Et cette forme de maltraitance s'apprend dans les familles, en groupes de copines et copains, à l'école, partout.
Nous avons beaucoup à faire aujourd'hui, pour que la voix des faibles, vulnérables, soit entendue, par les puissantes et les puissants.
Je ne sais comment faire, mon réseau n'est pas un réseau adapté à l'activisme, et je n'en ai pas l'énergie ou la disponibilité.
En revanche, j'en ai l'élan. Car je crois fermement que en partageant ces notions (qui peuvent sembler banales, ou bancales à certaines ou certains, j'accepte cela), une ou plusieurs personnes porteront leur attention sur "comment je fais avec moi-même ou avec les autres, pour mieux vivre ensemble?".
Voilà, je suis à cet endroit de ma vie, notamment, en ce moment, et en particulier à la fin du film "The Majordome".
Je fais le rêve que petit à petit, les puissants aient assez de conscience pour faire des choix de répartition des ressources, tout comme des hommes politiques ont décidé d'accorder les mêmes droits aux personnes noires qu'aux personnes blanches, aux Etats-Unis, ou en Afrique du Sud.
Maintenant, je parle non pas de droit de vote, mais de droit à vivre décemment, dans l'abondance sans détruire la planète. La notion de "sobriété heureuse" de Pierre Rabbi me plaisait bien, un autre terme encore plus actuel existe-t-il?
ET pour ce qui est de la vie en groupe, une question simple :
> "ai-je des images d'ennemis vis à vis d'une ou plusieurs personnes du groupe?" si oui, puis-je aller tenter de rencontrer cette "ennemie", cet "ennemi", pour mieux la/le connaitre? Et si on se connait bien, peut-on essayer d'améliorer notre manière de vivre ensemble? Faire des demandes concrètes, réalistes, réalisables, en langage d'action positive, et avec des délais raisonnables pour vérifier si on a réussi à mieux vivre ensemble?