Bonjour bonsoir
J'ai regardé un film de Richard Berry:ça s'appelle "l'immortel".
Il y a Jean Reno, Kad Merad, et plein d'autres. Jean Reno est un ancien parrain de la mafia marseillaise, et il va se
descendre un à un les gars qui ont tenté de l'assassiner de 22 balles dans le corps.
On est bien loin de "bienvenue chez les Ch'tis" ou du film avec Bruel, "le jaguar".
Richard Berry raconte une histoire tirée d'un roman de Franck Olivier Giesbert...
Au-delà de l'inspiration que peut donner un livre, une histoire bien tournée -une femme policier est le pivot de cette
histoire, en lien avec Jean Reno, une sorte d'entente cordiale entre la policière et l'ex mafieux vengeur- je ne trouve pas ce film
"nourrissant"...
Pourquoi j'écris cela?
Parce que je suis en train de "travailler" actuellement sur la notion de "lâcher le désir de punir". Et je constate à
quel point il est aisé de se laisser hypnotiser par des habitudes de pensée aussi destructrices que la vengeance, la punition. Moi le premier.
Je suis sensible à la manière de voir de Marshall B. ROSENBERG, initiateur de la Communication Non Violente. J'ai
commencé à me former au processus de Communication non Violente en octobre 2000, voilà 10 ans maintenant. Mon premier prof fut Thomas D'Ansembourg, venu de Belgique.
Récemment, j'ai relu des interviews de Marshall Rosenberg.
Juste après le 11 septembre, il a écrit une déclaration proposant ceci: "des punitions et des représailles n'engendreront ni la paix, ni une sécurité durable".
Je considère, à la lumière des 9 années écoulées depuis les attentats du 11 septembre 2001, que cette déclaration était
visionnaire.
Le bourbier du vietnam s'est reproduit en Irak, en Afghanistan, sous des formes différentes... Mais avec des drames aussi
tragiques.
Je dis mon profond désaccord et ma méfiance vis à vis des personnes qui continuent d'attiser la haine avec l'Islam et la
"guerre sainte".
Le monde chrétien en son temps (ah, les croisades, l'inquisition...) et même aujourd'hui joue dans les mêmes champs
d'horreur. Pas de vainqueur sur le podium de la bêtise; que des morts et des pertes tragiques.
Juifs, bouddhistes, Hindous, Musulmans, Chrétiens, animistes, Rastas, athées, et tous les autres dont je fais partie...
Nous sommes toutes et tous les différentes parties d'un même corps de 6,5 milliards d'âmes.
Et des parties de nous passent l'essentiel de leur existence à vouloir détruire les autres parties, simplement parce
qu'elles ne sont pas "identiques".
Dans un livre reprenant son aventure médicale, la femme médecin (Neuro-anatomiste) Jill Bolte Taylor, raconte
comment elle a vécu un Accident Vasculaire Cérébral. Elle a mis 8 ans à s'en remettre, puis a commencé à écrire un livre, et est devenue une conférencière humaniste.
On peut voir l'essence de ce qu'elle souhaite partager sur YouTube, vous pouvez la voir en cliquant ici: http://www.youtube.com/watch?v=C93lRoqWuGg
Merci à toi, Sylvette, mon amie. tu m'as indiqué cette
vidéo, et je chemine avec ce qui y est proposé.
Fait curieux s'il en est, Edith, avec qui je suis
marié, et qui est ton amie aussi, Edith vient de s'acheter le livre de cette dame... Amusant, non?
et pour la seconde partie, ici: http://www.youtube.com/watch?v=NFNQzmvgdNg&feature=related
(Ces deux vidéos sont sous-titrées en français)
On peut également entendre d'autres précisions lors de son passage à l'émission de radio d'Oprah Winfrey, émission fimée
et visible là: http://www.youtube.com/watch?v=b2KpDmRmZJw
Cette vidéo n'est pas sous-titrée...
L'essence de ce que partage cette femme, c'est que nous avons un cerveau à deux fonctions: le côté droit, universel, qui
nous relie aux autres, à l'univers, et qui unifie les diverses parties de tout. Et un second côté, le gauche, qui analyse, calcule, parle, comprend, et nous permet d'avoir la conscience d'être
des individus uniques, pas fondus dans le tout.
Dans la première vidéo, et chez Oprah, elle met des gants et prend en main un véritable cerveau humain pour montrer
combien ces deux parties son séparées radicalement. Le seul lien entre les deux hémisphères de nos cerveaux, c'est un "pont" constitué de millions de connexions, que l'on appelle le corps
calleux.
Nous sommes les deux. Nous sommes une partie de l'univers, une partie unique, et en même temps une partie du tout.
Cette femme a expérimenté ce que les yogis peuvent chercher toute une vie: le "Nirvana". Elle explique qu'elle a vécu un
état de béatitude intense, d'appartenance à l'univers, que toutes les parties de son corps étaient en coopération, et même avec l'extérieur de son corps, le sol, les murs, tout vibrait et était
"vivant ensemble".
Elle a vécu cela parce que son côté gauche ne fonctionnait plus... Et que seul son cerveau droit était disponible.
chez Oprah, elle dit ceci, en gros: nos gènes sont tous les mêmes, qui que nous soyons, à n'importe quelle partie de la
planête. Identiques, à 99%...
Nos différences physiques, et autres, ne tiennent qu'à 1% de gènes différents...
Alors, Oprah lui dit (à peu près): "cel voudrait dire qu'avec toutes les guerres, les conflits, nous ne sommes focalisés
que sur les 1% de différences?????"
"Oui..."
Et Oprah dit sa tristesse, devant un tel gâchis...
Moi aussi, je dis ma tristesse quand ma pensée est focalisée sur le désir de punir, sur le
désir de faire payer à l'autre, pour qu'il comprenne combien je souffre ou ai souffert...
Marshall Rosenberg témoigne: quand il était au Texas, il a vu des étudiantes et étudiants chrétiens se réunir et faire la
fête au moment de l'exécution de condamnés à mort. Et ces personnes poussaient des "hourras" à l'annonce du décès du condamné.
Rosenberg considère que ces gens ont tellement été éduqués à la récompense et à la punition, que la violence peut devenir
agréable...
C'est là que je veux en venir.
Quand j'écris "éduqués", je ne parle pas des parents simplement. Je parle de tout l'environnement, des médias, des supports d'histoires, de mythes, de légendes. Tout contribue plus ou moins à
nourrir une pensée qui veut récompenser les méritants, et punir celles et ceux qui ne font pas ce que l'on veut.
Alors le film "l'immortel" installe en héros une personne qui va aller jusqu'au bout de sa vengeance, et ne pourra
finalement pas vivre tranquille. Si le film a été fait pour dire l'absurde de la vengeance, ça me va. Mais ce n'est pas si clair que ça... Si le film a été fait pour raconter une histoire à
suspense, ça ne me va pas.
J'éprouve autant de suspense quand je vois des gens essayer de construire quelque chose ensemble, pour créer les
conditions d'une paix et d'une sécurité durables. "Freedom Writers" (écrire pour être libres), par exemple. Ou "August Rush"...
Alors, je me dis que j'ai encore bien du chemin à parcourir, pour accueillir ma propre violence. Moi aussi je suis prêt à
punir des personnes qui ont pu me blesser par le passé, lointain ou proche. Alors, que faire? Le faire? Les faire payer???
Payer quoi???
Je trouve que toute mon énergie peut être orientée à m'accueillir avec mes blessures, mes peines, mon chagrin d'avoir été
humilié, battu, maltraité.
Et une fois que j'ai pris suffisamment de jours, semaine, mois ou années peut-être, à accueillir ma rage, je peux voir
certainement quelque chose de neuf: à moi s'impose un "ça suffit". Car j'ai été entendu de moi-même, si ça n'a pas été par les autres.
Le désir de punir est je crois, en tout cas pour moi, une invitation à l'écoute intérieure. A être présent à soi-même,
pour accueillir la peine, le chagrin. Cela permet de guérir, et de ne plus "tuer" les autres pour mes propres blessures...
Je suis dans ce travail actuellement, et ce film me montre que je chemine, puisque je ne peux pas me réjouir de la
vengeance du héros. Ou tout du moins, je m'en réjouis moins qu'auparavant...
Cet article est à mettre en lien direct avec la photo de classe que j'ai exhumée cet été, avec mes blessures de garçon de
14 ans, et quelques autes qui ont suivi... quelques autres qui ont précédé...
Le passé me sert-il à rester vache? A ruminer???
Ou me sert-il à aller de l'avant, à me libérer des prisons de haine dont je suis le seul à avoir les clés?
A me libérer. Cependant j'écris pour préciser que je ne peux ouvrir les portes de mes prisons que si j'accueille
suffisamment la peine, la haine, la colère, le chagrin et le désespoir qui ont été générés par les attaques de la vie passée.
Rosenberg en parle, en témoignant que le pardon n'aura pas lieu. Jamais. Sauf si je suis suffisamment entendu dans ma
peine. Alors, si cela devient suffisant, je serai intéressé d'entendre ce que mes adversaires pouvaient éprouver.
Dans un certain nombre de blessures, celles du collège en tout cas, je sais que je ne suis pas encore rendu à
m'intéresser beaucoup à ce que pouvaient éprouver mes bourreaux.
J'y travaille, en accueillant mes pensées de vengeance et de punition. Je ne vais pas me venger, ni punir. Ces pensées
sont mes révélateurs de cheminement.
Quand elles seront moins fortes (elles le sont déjà, j'en témoigne à mon tour), voire apaisées suffisamment, je pourrai
entrer en empathie avec les frappeurs, les humiliateurs, les "dingues", comme je les ai nommés au dos de la photo de classe.
En accueillant ma haine, je peux comprendre la leur, après. Patience, chaque chose en son temps.
Je suis en cette période en train d'accueillir les blessures et la peine d'un garçon qui est moi, enfant, puis un
adolescent, entre 9 ans et 20 ans.
Pourquoi je raconte cela? C'est intime, non?
Je le raconte, car pour moi les fureurs ont un sens, les haines et les colères ont un sens. Et qu'elles peuvent trouver
l'apaisement, si elles sont entendues. Et je crois que l'on peut changer des habitudes destructrices, à condition de reconnaître que l'on a des habitudes destructrices.
En ce sens, la vulnérabilité (je suis vulnérable si je reconnais ma haine, ma colère, mon chagrin...) devient une force.
Et le temps qui passe devient un allié.
Les conflits que je vois à l'extérieur sont le reflet des conflits qui se jouent en moi. Je suis partisan d'une justice
réparatrice, pas d'une justice punitive.
J'affirme cela. Et j'espère d'ici quelques années pouvoir écrire que je suis en paix avec mon passé, car je l'ai
accueilli, avec tous ses aspects, lumineux et sombres....
La lumière est dans les ténèbres. Je rencontre ma lumière si j'ose aller m'aventurer à rencontrer mes ténèbres...
Qu'en dites vous???
A bientôt...